Η ΗΛΕΚΤΡΟΝΙΚΗ ΕΓΚΥΚΛΟΠΑΙΔΕΙΑ ΤΟΥ ΕΛΛΗΝΙΣΜΟΥ

6.6 C
Athens
Δευτέρα, 10 Φεβρουαρίου, 2025

Τελευταίo βίντεο

 

Social Media - Αρχείον Πολιτισμού

46,800ΥποστηρικτέςΚάντε Like
1,136ΑκόλουθοιΑκολουθήστε
67ΑκόλουθοιΑκολουθήστε
478ΑκόλουθοιΑκολουθήστε
23,800ΣυνδρομητέςΓίνετε συνδρομητής

Social Media - Γιώργος Λεκάκης

Μύθοι στον χάρτη: Τα ιστορημένα τοπία της αρχαίας Ελλάδας – Myths on the Map: The Storied Landscapes of Ancient Greece – της Cl. Calame

Μύθοι στον χάρτη:
Τα
ιστορημένα τοπία της αρχαίας Ελλάδας

Myths on the Map:
The Storied Landscapes of Ancient Greece
By Claude Calame

1Disons-le
d’emblée, le fondement conceptuel de cet ouvrage collectif est volontairement
et explicitement flou. À partir d’un hypothétique « spatial turn » qui semble
correspondre à une vague focalisation sur l’espace de nos interprétations
modernes des « mythes » gréco-romains, la réflexion introductive (par Greta
Hawes, la coordinatrice du volume collectif) suppose une superposition entre «
myth-making » et « map-making » (p. 2). Ainsi non seulement la question de
l’espace est réduite à celle de sa représentation par la cartographie, mais
surtout ces deux procédures convergentes semblent impliquer autant un «
mythical thinking » qu’un « spatial thinking ». L’introduction de la notion de
paysage comme « lived environment » qui serait « affecté » par la main et par
l’esprit des hommes ne fait que renforcer la confusion entre la supposée pensée
mythique et l’hypothétique pensée de l’espace. De là le titre pour le moins
énigmatique de Myths on the Map.
2À vrai dire,
pour faire le plus simple possible, tout « mythe » s’offre à nous comme un
récit déployant une action narrative selon une logique et une configuration
temporelle mais aussi dans un espace qui sont construits par la narration.
Aussi imaginaires qu’ils puissent être, comme c’est le cas par exemple dans les
récits d’Ulysse reportés dans l’Odyssée, les espaces de l’ordre de la mise en
récit sont en relation de référence avec l’espace (lui-même géographiquement
construit) qui constitue l’environnement de celui qui crée le récit ainsi que
de celles et ceux qui le reçoivent. Indépendamment de toute représentation
cartographique, cet environnement est reconfiguré dans le récit par des moyens
narratifs et discursifs, et il peut être appréhendé matériellement et
esthétiquement comme ce que nous modernes nous concevons comme un paysage.
3Mais une fois
encore il faut se référer aux catégories de la culture distante. Pas de notion
de paysage en tant que tel en Grèce ancienne. Mais, en ce qui concerne les
héros et les dieux, des espaces essentiellement végétaux : dans le récit aussi
bien que dans la pratique cultuelle, ces espaces sont construits par la
narration ou aménagés en sanctuaires ; ils partagent avec la divinité, mise en
scène narrativement par des moyens langagiers ou célébrée rituellement en
l’espace qui lui est consacré, les qualités que symboliquement on attribue aux
végétaux et aux éléments qui composent ces paysages de discours ou de culte.
4Pas
d’étonnement donc quant à l’hétérogénéité du livre collectif autant du point de
vue de l’approche adoptée que du thème proposé par chaque contribution ! On en
fera ici, dans l’ordre du sommaire, une revue rapide en relevant dans chaque
cas le doute épistémologique qu’elles suscitent avec parfois une incitation
pour une recherche plus approfondie, mais à développer dans les directions méthodologiques
et thématiques les plus divergentes.
5À commencer
par Katherine Clarke qui nous invite à une « promenade à travers l’histoire »
et qui nous propose de lire le paysage comme un palimpseste à la croisée entre
espace et temps. Affirmant avec raison la nature construite du paysage, elle
prend l’exemple de Pausanias pour montrer comment, dans l’organisation
essentiellement spatiale de la Périégèse, les espaces visités et vus (les
theorémata) par le Périégète se combinent avec les paysages évoqués dans les
récits (lógoi) que les lieux visités et les rituels évoqués suscitent,
articulant ainsi passé et présent en une mémoire active. De manière assez
disparate, l’auteure parcourt rapidement une série d’exemples d’itinéraires
géographiques mis en scène dans les mythes pour rendre compte d’une géographie
(« mentale » ?) du présent, pour parvenir en conclusion à l’exemple du voyage
des offrandes des Hyperboréens par l’intermédiaire des jeunes Hyperoché et de
Laodicé jusqu’à Délos. Cela pour parvenir à la conclusion plutôt décevante que
« travelling through the world, wether oneself, as in the case of Pausanias, or
vicariously, as with the characters as in Herodotus’ historical narrative,
flicks on the switches of historical and mythical narratives, linking past and
present time through space » (p. 31). C’est vouloir ignorer qu’en concomitance
avec son propre itinéraire, Pausanias nous fait voyager dans l’espace par les
récits héroïques que sans cesse il rapporte ; c’est ne pas voir que ces espaces
(au pluriel) sont toujours narrativement construits, devenant des paysages…
6Grâce au
concept opératoire d’emblée proposé pour rendre compte des espaces mis en scène
dans les récits portant sur la période précédant la fondation d’une cité, la
contribution offerte par Daniel W. Berman sur les « prefoundational myths » de
Thèbes, de Crotone et d’Athènes est à la fois plus focalisée et plus cohérente.
Pour Thèbes, la configuration de l’espace d’avant le moment de la fondation
varie suivant la perspective dans laquelle est envisagée la cité ; à Crotone,
en plus de l’intervention fondatrice de Myscellus, l’espace est marqué par le
passage d’Héraclès ainsi que par le héros local et éponyme Croton, entre
logique panhellénique et ancrage épichorique ; et l’espace d’Athènes (et de
l’Attique…) d’avant la fondation de la cité est balisé par les récits de la
rivalité entre Athéna (l’olivier) et Poséidon (l’eau de mer). Dans chaque cas,
la future proximité d’un lieu de culte est déterminante. Mais est-il suffisant
de passer seulement en conclusion de la notion géographique de topographie à
celle, propre à l’histoire de religions, de paysage cultuel ?
7On connaît
les remarquables études de Richard Buxton sur les paysages dans lesquels
évoluent les protagonistes divins et héroïques dans les récits que nous
considérons comme constituant des mythes. Qu’en est-il des Cyclopes, bergers
dans l’Odyssée dans un paysage de création poétique, mais forgerons attachés à
l’Etna dans une autre tradition. Il n’y aurait peut-être qu’homonymie si dans
le drame satyrique intitulé Le Cyclope, Euripide ne situait pas son Polyphème
auprès de l’Etna. Thématiquement, les seconds oscilleraient entre le feu et le
liquide, « le solide et le fondu » (p. 64). Mais l’opposition structurale ne
parvient pas à intégrer les Cyclopes odysséens, ni d’ailleurs les Cyclopes
constructeurs de murailles, cités uniquement en fin de chapitre. De plus, la
question des caractères conférés à l’espace dans lequel se déploient les
pratiques des Cyclopes n’est plus affrontée. Sans doute le trait commun serait
plutôt à chercher du côté de l’artisanat, déjoué par la mētis d’Ulysse dans
l’Odyssée.
8La question
au centre de la contribution proposée par Elizabeth Minchin, spécialiste des
formes et procédures de la mémoire, en particulier dans le développement
narratif des poèmes homériques, est d’un ordre tout différent. À l’exemple des
différentes versions à nous être parvenues du récit de Hérô, la prêtresse
d’Aphrodite à Sestos que chaque nuit, guidé par la lampe de la jeune femme en sa
tour, le jeune Léandre rejoint en nageant depuis Abydos sur la rive asiatique
de l’Hellespont avant d’y trouver la mort, il s’agit de s’interroger sur la
capacité du « mythe » en ses différentes formes à évoquer à travers le temps la
même topographie. Le parcours proposé à travers des versions qui vont de
Strabon et d’Ovide à Fulgence et l’écrivain byzantin Nicétas Eugénianos nous
conduit néanmoins à une conclusion décevante : l’authenticité de la topographie
serait une garantie de l’authenticité de la légende (p. 82), et son évocation
par le biais du récit serait l’objet d’une représentation mentale. Certes…
9Emma Aston
quant à elle nous entraîne dans une autre topographie qu’elle considère comme
constituant « le paysage de la Thessalie ». Y évoluent les Lapithes, une tribu
du nord montagneux de la région, et les monstrueux Centaures, descendants des
Lapithes et habitant le Mont Pélion ; les derniers vont s’affronter aux
premiers à l’occasion du mariage du roi des Lapithes Pirithoos, dont ils
tentent de violenter la jeune épouse Hippodamie. Centrale du point de vue de la
création du mythe, la question des qualités que les protagonistes des récits
concernés partagent avec les espaces dans lesquels ils sont mis en scène est
ignorée. L’étude se focalise en effet sur l’orientation des différents auteurs
citant le récit thessalien sur la signification locale, épichorique, ou au
contraire sur la portée panhellénique des récits concernés.
10La Sphinx et
Thèbes. Par l’intermédiaire d’une nouvelle image sur un vase retrouvé près du
sanctuaire de l’Isménion à Thèbes, Stephanie Larson s’interroge sur
l’orientation que l’auteur ou le peintre peut donner au récit ou à l’épisode
représenté quand il partage avec les protagonistes de l’action narrative
représentée la même origine, en l’occurrence Thèbes. À l’instar de Pindare le
Thébain quand un siècle plus tôt le poète intègre à ses chants des légendes
thébaines en les modifiant et en les recréant, le commanditaire du vase semble
avoir fait de même pour cette sphinxomachie dépeinte sur un objet peut-être
offert à Apollon Isménios en son sanctuaire. Soit, mais d’espace, de
topographie et de paysage il n’est dans cette étude aucunement question.
11«
Callimachus and the Poetics of the Diaspora » : sous ce titre, Jeremy McInerney
offre une interrogation qui ne manque pas d’intérêt ; elle porte sur la
position historique et culturelle des Grecs vivant, grâce à l’extension des
communautés de langue et de culture hellènes à l’époque alexandrine, des
situations correspondant à celles d’une diaspora. Le cas de figure choisi est
celui offert par le poète Callimaque originaire de Cyrène, la grande colonie
grecque de Libye, et travaillant dans le Mouséion d’Alexandrie au bénéfice des
Ptolémées : un poète qui se trouve en somme en une situation de double diaspora
par rapport à la Grèce athénienne. Les hymnes composés par le poète savant (en
particulier l’Hymne à Artémis et l’Hymne à Apollon) porteraient la marque d’une
géopolitique centrée sur le pouvoir royal alexandrin et sur le territoire de
son exercice ; ils inscriraient donc la politique des Ptolémées, avec ses
différents protagonistes royaux, masculins et féminins, dans une histoire
divine et mythique authentiquement grecque. Pour un nouveau « map-making » ?
12La
contribution de Julie Baleriaux nous entraîne dans l’Arcadie décrite par
Pausanias ; elle nous invite à reparcourir une topographie religieuse qui a
subi passablement de changements jusqu’à l’époque de l’hellénisme romain, avec
une élite arcadienne apparemment favorable au pouvoir de Rome. Si le parcours
historique auquel nous convie l’auteure en particulier grâce aux documents
épigraphiques est sans doute original, en revanche ce n’est qu’au terme du
chapitre que l’on aborde enfin la question pourtant centrale du « numinous
landscape » traditionnellement représenté par le paysage de l’Arcadie. En
raison du thème assigné à ce livre collectif on aurait attendu, par exemple,
que les représentations poétiques d’une Arcadie primitive en un paysage
d’idylle soient confrontées avec l’espace cultuel qu’elle offrait pour
Pausanias, c’est-à-dire avec la configuration discursive qu’il construit de cet
espace pour ses lectrices et lecteurs.
13Dans quelle
mesure les récits mythiques de combats de héros contre des fleuves personnifiés
seraient-ils marqués par la réalité physique et géographique des cours d’eau
concernés ? La question formulée par Christina A. Saloway ne manque assurément
pas d’intérêt. Deux cas de figure sont envisagés : le combat d’Achille contre
le Scamandre et la lutte d’Héraclès avec l’Achélôos. La réponse apportée est
néanmoins doublement biaisée : d’une part parce qu’en partant du principe que «
Mediterranean waterways are sonorous variable in coulour, prone to rapid
swelling and just as swift withdrawal, able to carve new chanels or spread out
over vast expanses… » (p. 176), l’auteure attribue aux fleuves concernés un «
comportement » qui en fait d’emblée des réalités anthropomorphes ; d’autre
part, l’analyse des récits mettant en scène ces rivières animées manque singulièrement
de sensibilité aux dimensions spécifiques du monde des héros, en particulier
dans leurs modes d’action spécifiques et dans leur proximité avec différentes
figures divines. Les conclusions tirées d’un questionnement original sont donc
à nouveau plutôt décevantes.
14Dans un jeu
de mots pour le moins intriguant, les fontaines monumentales des cités grecques
seraient à considérer comme des « réservoirs » du mythe et de la mémoire. C’est
là la thèse défendue par Betsey A. Robinson à l’exemple de deux sources
urbaines : la fontaine Pirène à Corinthe, grâce à l’aide indirecte de laquelle
Bellérophon serait parvenu à domestiquer Pégase, et l’hérôon avec un bassin
élevé en mémoire du fondateur de la cité d’Éphèse, Androclos, dans la proximité
(?) d’un monumental hydroekdocheion. Mais, si ce n’est le caractère monumental
aussi bien de la fontaine de Corinthe que de la citerne d’Éphèse, objets d’une
abondante description archéologique, rien n’est dit sur les moyens qui
entretenaient une mémoire collective, une mémoire civique faite en particulier
de récits de fondation. Et la relation avec la question du paysage n’est nulle
part thématisée.
15Avec la
contribution au titre accrocheur de « Scandalous Maps in Aeschylean Tragedy »
proposée par Aara Suski, on revient aux espaces recrées et aux paysages
dessinés par des moyens poétiques ; cela d’ailleurs par le biais du concept
instrumental (?) pour le moins flou de « mapping », en l’occurrence par la
nature synoptique de la vision divine telle qu’elle serait merveilleusement
incarnée par la description iliadique du cosmos déployé sur le très discuté
bouclier d’Achille. En fait il s’agit plutôt de savoir comment il est possible,
par le langage poétique, de visualiser des espaces, tel par exemple celui qui
est construit par le long parcours d’Iô jusqu’aux confins du monde habité ; et
cela par la narration qu’en fait, par anticipation, Prométhée enchaîné dans la
tragédie attribuée à Eschyle ; un Prométhée considéré ici comme un « dieu
voyeur ». La même procédure de « mapping » serait à la base, dans l’Agamemnon,
de la description et de la vision par Clytemnestre de la séquence des signaux
lumineux et la course des lampadéphores qui du Mont Ida jusqu’à Argos,
annoncent la victoire sur les Troyens et le retour des Achéens. Comparer
l’incomparable ? Quoi qu’il en soit, cette capacité de dresser une carte serait
un signe de pouvoir ; et rien de plus ?
16Entre
réalité et imaginaire, entre histoire et mythe, Iris Sulimani nous propose de
suivre Diodore de Sicile dans un livre V qu’il dénomme lui-même « le livre des
îles ». Lipara ou Lesbos d’un côté ; les îles de l’Océan Atlantique ou les îles
des Hyperboréens de l’autre. En général, il s’agirait pour l’historien Diodore
de situer des îles imaginaires dans une géographie réelle, notamment en
s’appuyant sur leurs apparentes ressemblances avec des îles réelles et bien
connues notamment des géographes. Il s’agirait donc de décrire en termes
réalistes des espaces insulaires d’utopie et d’intégrer ainsi des îles
fantastiques dans la carte du monde connu dès l’époque hellénistique.
Assurément, mais avec quels objectifs, avec quels effets de « mapping »
(puisque ce devrait être l’un des fils conducteurs du collectif), et avec
quelles interférences en particulier avec la conduite de l’histoire ?
17Des îles
d’utopie, Robert L. Fowler nous entraîne dans les espaces de l’au-delà, un
au-delà qui correspond autant à l’Hadès qu’aux espaces des confins de la terre
habitée. Représenté comme espace physique, l’au-delà serait en principe « mappable
» (p. 243). La question se pose une fois encore de déterminer quelle réalité et
quelles correspondances géographiques donner aux différents lieux du « Beyond »
visités par Ulysse dans l’Odyssée, organisés qu’ils seraient dans une
perspective non pas cartographique (ce serait le cas dans l’Iliade), mais
hodologique. Puis on passe à l’image qu’en donne le « mythographe » Phérécyde
d’Athènes à travers les épisodes héracléens des bœufs de Géryon et des pommes
d’or des Hespérides ; cela dans un effort supposé de « mapping » en parallèle
avec l’investigation historique en ce qui constituerait un seul régime de
réalité. Enfin, la parole est donnée à Hérodote quant à l’existence, par
exemple, de l’Océan, puis pour la description du pays des Éthiopiens d’une part
et des Hyperboréens de l’autre, dans une acception par conséquent vraiment très
large et peu opératoire du « Beyond ». Hérodote en particulier tendrait à faire
du mythe de l’histoire. Par conséquent, des réponses sans surprise, victimes de
l’habituelle opposition entre mythe et histoire, pour un questionnement qui a
fait l’objet d’une surabondante bibliographie en particulier en ce qui concerne
la géographie du périple odysséen d’Ulysse ; on s’étonne néanmoins de n’y
trouver aucune allusion aux nombreux et remarquables travaux de Christian Jacob
sur les représentations géographiques et les tentatives cartographiques des
Grecs en relation avec leurs explorations coloniales du bassin méditerranéen.
18Avec Charles
Delattre, l’espace insulaire est pris en son sens métaphorique : « des îles de
la connaissance ». Dans le cadre d’une mythographie à comprendre non pas comme
une représentation, mais comme une « mythology-in-practice » (p. 262), comme
une mise en ordre du monde et comme la délimitation d’un espace de connaissance
culturelle partagée. Ainsi l’espace de la mythographie se présente-t-il comme
une liste de toponymes organisée en général selon une démarche hodologique,
suivant le fil narratif de l’histoire racontée. Les toponymes tels que Troie,
Argos ou Mycènes peuvent aussi servir de tête de chapitre à différents récits
mythographiques regroupés selon ce critère géographique, avec une série de
références culturelles. Ainsi les noms de lieux peuvent-il constituer les
épicentres d’associations d’ordre culturel, servant ainsi de principes de
classification. Pour illustrer le propos sur la mise en ordre du monde par le
biais du nom géographique, trois exemples sont tirés du De Fluviis attribué à
Plutarque. Les noms des rivières sont régulièrement mis en relation avec le
récit du héros éponyme, par un processus étiologique qui n’est malheureusement
pas exploré. L’idée d’une référentialité culturelle de ces mythographies
centrées sur l’espace et les lieux mériterait un plus ample développement.
19Les mots de
la fin sont laissés à Richard Hunter, qui concentre toute son attention sur le
« mythe libyen » de Dion Chrysostome, pour une région habitée par des êtres
hybrides, mi-serpents, mi-belles femmes, des êtres qui sont par ailleurs
anthropophages. Par probable référence à certains passages du Phèdre et de la
République de Platon, les âmes des hommes, corrompues par les désirs, sont
comparées à ces régions inhospitalières, pleines de bêtes sauvages. Mais des
figures héroïques, telles Héraclès ou Alcmène, parvinrent à purifier leur
esprit en correspondance avec la civilisation qui se répand sur la terre. Dans
ces interprétations se situant entre mythe et histoire, l’effort de
rationalisation à la Palaiphatos serait sensible. Sans doute, mais la question
de l’espace du récit et du paysage construit dans le discours est pratiquement
éludée. Et l’étrange comparaison avec la description de la marche de Caton et
de ses hommes à travers le désert de Libye tel qu’en rend compte Lucain dans le
Bellum civile n’est pas d’un très grand secours.
20En
conclusion, on ne peut que regretter l’absence de rigueur épistémologique de la
démarche, qui aboutit à la simple juxtaposition de contributions individuelles
sans véritable lien ni thématique ni conceptuel entre elles. Or l’intérêt de
publier les interventions présentées à un colloque est précisément de fournir
une réflexion diversifiée qui se structure autour d’une véritable collaboration
conçue et mise en place par l’organisation de la rencontre à partir d’un thème
et d’un problème communs. Ce n’est malheureusement pas ce que propose le
présent ouvrage collectif.
Références:
Calame Claude «Myths on the Map: The Storied Landscapes of Ancient Greece», Kernos, 32 |
2019, 354-358.
Calame Claude «Myths on the Map: The Storied Landscapes of Ancient Greece», Kernos [En ligne],
32 | 2019, mis en ligne le 1.10.2019, consulté le 04 mars 2020.
Hawes Greta (éd.), Myths on the Map: The Storied Landscapes of Ancient Greece, Oxford,
Oxford University Press, 2017. 1 vol. 14 × 22 cm, xv+332 p. ISBN :
978-0-19-874477-1.

ΛΕΞΕΙΣ: μυθος, μυθοι, μυθολογια

author avatar
ΑΡΧΕΙΟΝ ΠΟΛΙΤΙΣΜΟΥ

Related

Πολυνείκης, Ετεοκλής και… Σημίτης: Καταλύοντας την λογική – του Γ. Χ. Κουριαννίδη

Πολυνείκης, Ετεοκλής και… Σημίτης:Καταλύοντας την λογικήΤου Γιάννη Χ. Κουριαννίδη, endohora@yahoo.gr διευθυντή του περιοδικού «Ενδοχώρα» Ο...

Η τουρκική αστυνομία έκανε κατάσχεση χειρογράφων του… αγίου Ιωάννη!

Οι τουρκικές αστυνομικές Αρχέςέκαναν κατάσχεσηχειρογράφωντου… αγίου Ιωάννη! Τούρκοι αστυνομικοί κατάσχεσαν αρχαία...